Je retombe en enfance (ou en adolescence) en ce moment. Tout a commencé avec l’annonce du retour de la Noiraude sur une chaîne pour enfants du câble. Mais je parle là d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… Voire moins de 25…
La Noiraude , c’était une des séquences de « L’île aux enfants », parmi La linéa (le grincheux petit personnage tracé à main levée), Antivol, l’oiseau qui ne vole pas, Gribouille la grenouille, le chasseur… Quand on y repense, quelle créativité tout ça… Il y avait aussi, et ça je ne m’en souvenais plus, des séquences montrant des abeilles butinant des fleurs, de sorte que l’émission était un vrai mille-feuilles, comme quoi l’esprit d’un enfant doit avoir besoin d’une relance de son attention assez régulièrement.
Et il y avait la Noiraude, une vache hypocondriaque qui passait son temps à appeler son vétérinaire, un saint homme bien patient. Normal qu’une fille de véto comme moi soit sensible à cette séquence… « Alors la Noiraude ? Qu’est-ce qui ne va pas encore ? » . Et s’ensuivait une réclamation burlesque, du style : je voudrais être une biche car il n’y a jamais de vache dans les contes de fées, ou bien j’en ai assez des mouches…
Je résiste à l’envie d’acheter le DVD, mais je pense que je vais me planter devant le câble quand ça passera… Ne reste plus qu’à ressortir les Miel Pops ! Déjà qu’en ce moment, je me passe en boucle mon premier disque, acheté en CE1 (je vais au bout de la séquence de la honte : c’était « Amoureux Solitaires » de Lio : la vidéo sur Daily motion est assez hallucinante, avec Lio en Lolita culotte nuisette éclaboussante de beauté et de fraîcheur, quand on pense que c’était sous Giscard sur des chaînes forcément publiques…)…
Côté cuisine, cette crise de jeunesse s’est traduite par une tentative assez foireuse, celle de préparer une couronne des Rois comme celle de mon enfance. Dans le Sud-Ouest, jusqu’à il y a quelques années, on ne trouvait que cette couronne-là : la galette parisienne et sa frangipane n’avait pas franchi les 500km pour arriver jusqu’à Libourne, Gironde. Encouragée par mes succès en galette parisienne de chez Poujauran, j’ai voulu tester sa recette de couronne briochée landaise, et ça n’a pas été si merveilleux. Mais bon, j’ai fait tout pour…
D’abord, j’ai lu en diagonale la recette. Ceci m’a valu de ne pas voir que le « robot » dont il est question dans la recette était, selon les instructions sur le matos, supposé doté d’un « embout à pétrir ». Il m’a fallu être au milieu de la recette, et me dire que tout ça était quand même un peu violent pour une pâte à brioche, pour me rendre compte de ce détail subtil mais qui a son importance.
Ensuite, j’ai dû aller un peu vite dans ma division des proportions (prévues pour trois couronnes alors que je n’en voulais qu’une) de sorte que j’ai dû ajouter de la farine et n’en ai probablement pas mis assez. Quand je foire, je le fais à fond, pas à moitié : il fallait beurrer le moule, je ne l’ai pas fait, me disant que mon moule en silicone n’en avait pas besoin. Erreur fatale : déjà que la vaisselle pour se débarasser de la pâte crue du sol au plafond a été une galère, maintenant j’ai le moule à gratter… et du coup le look de ma couronne est bien raté. Comme je n’avais pas trouvé de sucre candi et me suis contentée de sucre glace, de toutes les façons l’effet aurait été peu authentique, mais là c’est l’amateurisme complet. Pour couronner le tout (normal pour une Epiphanie) j’ai oublié la fève ! Heureusement qu’il n’y a pas d’enfants à la maison, ç’aurait été un drame…
Bon, je vous donne quand même la recette, pour une couronne, parce que le goût est bien celui de la couronne landaise, et que l’arôme fleur d’oranger – rhum – armagnac – vanille c’est vraiment top. Et que je ne désespère pas, l’année prochaine, de réussir…
Pour une couronne des Rois :
- 230g de farine,
- 8g de levure de boulanger,
- 60g de beurre,
- 30g de sucre,
- quelques gouttes de vanille liquide,
- 1 cuillérée à soupe de fleur d’oranger,
- 1 cuillérée à soupe d’armagnac,
- 1 cuillérée à soupe de rhum,
- 1g de sel,
- 1 oeuf,
- 4cl de lait,
- du sucre candi, une fève, éventuellement un jaune d’oeuf pour dorer.
Dans une jatte, délayez 2g de levure de boulanger dans 3cl d’eau tiède. Ajoutez 50g de farine tamisée, mélangez, et laissez reposer pendant deux heures à température ambiante, sous un torchon propre. Dans un bol, réservez également pendant deux heures le beurre coupé en morceaux, le sucre, la vanille, la fleur d’oranger, le rhum et l’armagnac.
Au bout de ce temps, pétrissez le levain à petite vitesse, dans un robot avec embout à pétrir . Ajoutez peu à peu le reste de la farine. Laissez tourner trois minutes. Puis ajoutez l’oeuf, le lait, la levure restante, et les deux tiers de l’arôme sucré beurré. Maintenez pendant deux minutes, ajoutez du liquide si c’est trop ferme. Ajoutez le sel. Pétrissez encore cinq minutes, ajoutez le reste du beurre parfumé. Augmentez la vitesse et continuez à pétrir cinq minutes. Puis laissez reposer la pâte une heure.
Beurrez le moule de cuisson (même en silicone !!!). Roulez la pâte en un boudin, et mettez-la dans le moule. Cachez la fève. Recouvrez du torchon et laissez reposer deux heures encore. La couronne doit doubler de volume.
Préchauffez le four à 180°C. Dorez la couronne au jaune d’oeuf délayé d’un peu d’eau si vous le souhaitez. Parsemez de sucre candi. Mettez à cuire pour vingt minutes environ. La couronne se déguste froide.
Son moelleux et son arôme sont incomparables ! Et vous noterez que les heures d’attente vous permettront de programmer une mise en beauté complète (gommage, masque visage, soin cheveux, manucure…). La pâte non cuite se congèle très bien paraît-il, pour revenir à des sujets culinaires.
NB : ma brioche est bronzée, mais c’est parce que j’utilise du rapadura, il n’y a pas de sucre blanc à la maison…